Fournir l’agriculture urbaine : L’essor de l’agriculture urbaine a un impact positif sur le secteur des fournisseurs horticoles québécois

Le Laboratoire sur l’agriculture urbaine est heureux de rendre disponible son étude Fournir l’agriculture urbaine du Québec : Évaluation de l’impact économique de l’agriculture urbaine sur l’activité de ses fournisseurs réalisée pour le compte de Québec Vert la fédération des professionnels et des entreprises œuvrant en horticulture au Québec. Cette étude fait suite à celle sur l’impact économique et le potentiel de développement des entreprises agricoles urbaines publiée en avril 2020 qui nous avait permis d’identifier ce secteur d’activités comme un secteur d’importance pour comprendre l’impact économique de l’agriculture urbaine et assurer son développement.

L’agriculture urbaine, à travers ses segments domestique, communautaire et commercial, est un secteur en croissance qui impacte positivement les fournisseurs horticoles du Québec. L’étude menée en 2021, auprès de producteurs de végétaux, de semenciers, de fabriquant de matériel, d’équipement et d’intrant agricoles, de jardineries et de fournisseurs de services horticoles a permis de mettre en évidence l’impact positif et unanime de l’agriculture urbaine ses fournisseurs en termes d’emploi et de revenu.

L’étude montre que la demande de l’agriculture urbaine a généré au Québec un revenu d’environ 380 millions de $ auprès de ses fournisseurs, pour plus de 5500 emplois. Sur les 5 dernières années, le taux de croissance annuel moyen (TCAM) pour ces entreprises est de 19 %. C’est le segment de l’agriculture urbaine domestique qui occupe la première place en termes de revenus, avec 59 % de poids dans les ventes, suivi du segment commercial, puis du segment communautaire. Les producteurs de végétaux et les fournisseurs de matériel, équipements et intrants agricoles sont les catégories de fournisseurs qui génèrent la plus grande part du revenu de l’agriculture urbaine, alors qu’ils participent pour 77,5 % à la création de ce revenu.  Relativement matures, les fournisseurs de l’agriculture urbaine déclarent dans leur quasi-majorité (56 %) avoir dégagé des profits en 2020, tandis que 33 % d’entre eux ont atteint le seuil de rentabilité et 11 %, notamment des entreprises plus jeunes, n’ont pas encore atteint le seuil de rentabilité.

Le nombre d’emplois généré par l’agriculture urbaine auprès de ses fournisseurs peut être très variable. Estimé à partir de leur chiffre d’affaires, l’emploi généré par la demande de l’agriculture urbaine pour les 140 fournisseurs interrogés est de 1 316 équivalents temps plein en 2020. Toutefois, 768 sont à mettre à l’actif d’un seul fournisseur de matériel, équipements et intrants agricoles. Sur les 5 dernières années, la croissance de l’emploi a été estimée à 3 %, et cela malgré une pénurie de main-d’œuvre qualifiée qui sévit sur le secteur.

Les perspectives de développement du secteur sont optimistes pour l’emploi et les revenus

Sur les 5 prochaines années, tous les fournisseurs ayant participé à l’étude tablent sur une progression constante et une croissance soutenue de leurs activités en lien avec le développement du secteur de l’agriculture urbaine qui constitue un levier stratégique intégré dans leurs futurs plans de développement respectifs. Dans cette optique, les objectifs que s’assignent les fournisseurs ayant participé à l’étude sont très prometteurs et se traduisent pour les deux principaux agrégats (revenus et emplois) par des taux de croissance, pour le moins que l’on puisse dire, très ambitieux avec des taux de croissance annuels moyens de 14 % (scénario 1) et 8 % (scénario 2) pour les revenus directs de l’échantillon, et de 9 % (Scénario 1) et 3,5 % (Scénario 2) pour l’emploi direct.

Une extrapolation pour l’ensemble des 1 413 fournisseurs québécois identifiés laisse présager une évolution très favorable à l’horizon 2025 des mêmes agrégats. Ainsi, à l’horizon 2025 le revenu direct attendu est estimé entre 554,6 millions de $ et 730 millions $ de revenus directs, soit entre 1,5 et 1,9 fois le revenu direct des 1 413 fournisseurs en 2020. Les prévisions se traduisent par un niveau d’emploi à l’horizon 2025 allant entre 6 620 et 8 692 emplois directs, soit entre 1,2 et 1,6 fois le niveau de l’emploi direct des 1 413 fournisseurs à fin 2020. De nombreux fournisseurs ont intégré la demande de l’agriculture urbaine dans leur planification stratégique et misent sur des améliorations et innovations en matière de communication, d’approvisionnement et d’organisation du travail pour réaliser leurs objectifs.

Le développement du secteur est ralenti par les défis de la main-d’œuvre, de l’approvisionnement et la disponibilité des espaces pour l’agriculture urbaine

Les contraintes les plus récurrentes soulevées par les fournisseurs concernent la disponibilité et la formation de la main-d’œuvre, ainsi que l’approvisionnement en temps opportun des clients de l’agriculture urbaine. Ces contraintes ont pesé lourdement sur les activités durant les premiers mois de la pandémie de la COVID-19, d’autant plus qu’un regain d’intérêt pour la pratique du jardinage a été observé durant cette période chez de nombreux Québécois.

Les lourdeurs administratives qui entravent notamment le processus de démarrage d’entreprises ainsi que les exigences d’ordre réglementaire qu’opposent certaines municipalités quant à la pratique de l’activité agricole en milieu urbain ont été mises également en avant par plusieurs fournisseurs.

La problématique liée aux aides gouvernementales ainsi que celle relative à l’accès au financement ne sont pas en reste dans la mesure où elles ont été soulevées par certains fournisseurs qui considèrent les formules actuelles d’aide publique et d’accès au financement lors du démarrage de nouveaux projets comme étant inadaptées et ne répondant pas à leurs attentes.

Enfin, la concurrence des produits provenant de l’extérieur du Québec notamment ceux de l’Ontario et des États-Unis ainsi que l’hégémonie des grandes surfaces ont été identifiées comme un frein majeur au développement du secteur.

Pour consulter le rapport

Kasmi, D., Cohen, A. et E. Duchemin (2022). Fournir l’agriculture urbaine du Québec : Évaluation de l’impact économique de l’agriculture urbaine sur l’activité de ses fournisseurs. Carrefour de recherche, d’expertise et de transfert en agriculture urbaine/ Laboratoire sur l’agriculture urbaine/ Québec Vert. 51 p.

 

Cette étude a été réalisée grâce à un soutien du ministère de l’Agriculture des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) dans le cadre du programme de soutien de développement sectoriel.

 

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