Publication du portrait 2021 de l’agriculture urbaine commerciale au Québec

Le Carrefour de recherche, d’expertise et de transfert en agriculture urbaine du Québec (CRETAU), dont AULAB est mandataire, vient de publier le portrait 2021 des entreprises agricoles urbaines du Québec. Le Québec compte maintenant 125 entreprises agricoles urbaines.

En 2021 on a relevé  l’arrêt d’activité agricole de 12 entreprises. Ainsi, la croissance du nombre d’enregistrements d’entreprises agricoles urbaines par rapport aux fermetures est négative depuis la première fois depuis 1988, date qui marque l’enregistrement de la première ferme urbaine au Québec. Ceci dénote la fragilité du développement des fermes urbaines et des besoins de soutien de cette filière agricole en émergence dans de nombreux domaines, dont l’accompagnement et le financement. Le portrait met également en exergue des difficultés pour l’implantation de fermes urbaines dans les villes. Ce sont plus des trois quarts des entreprises qui se disent freinées par les lois et règlements d’urbanisme, notamment les règlements municipaux et de zonages, les règlements et codes liés à la construction, ainsi que les règlements municipaux sur la vente de produits agricoles.

Le démarrage : un moment décisif dans le développement des entreprises

L’année 2021 a aussi été marquée par plusieurs annonces d’importants financements dans le secteur du maraîchage en intérieur, notamment pour la construction ou l’aménagement de nouvelles fermes. C’est d’ailleurs l’agriculture urbaine en environnement contrôlé (intérieur ou serre) qui s’est le plus développés au cours de la dernière année, faisant apparaître de nouvelles initiatives en horticulture, myciculture, maraîchage intérieur et production de micropousses.

Les activités des fermes urbaines continuent de se diversifier

La diversification continue d’être l’adage des entreprises agricoles urbaines. Les initiatives qui combinent plusieurs types de production se sont particulièrement répandues, tout comme celles qui ont diversifié leur mode de distribution ou leurs activités connexes à l’agriculture.  Les entreprises agricoles urbaines continuent de se concentrer principalement sur la vente en circuit court et ont continué d’adapter leur mise en marché aux perturbations de la pandémie. Ainsi, les tendances de 2020 concernant l’augmentation de la vente en ligne et en panier se sont maintenues, tandis que la vente aux restaurants a repris de plus belle. Les dons aux organismes œuvrant en sécurité alimentaire se sont également maintenus.

Les modèles économiques des fermes continuent d’être particulièrement diversifiés, alors que 72 % des entreprises exercent des activités qui génèrent des revenus complémentaires. Notamment, l’activité de transformation a augmenté en 2021, ainsi que les services, tels que la formation, l’insertion professionnelle et le service-conseil.

L’économie circulaire et la collaboration au cœur de l’agriculture urbaine

Toutes les entreprises agricoles urbaines consultées déclarent avoir recours à au moins deux stratégies d’économie circulaire, telles que l’approvisionnement durable (85 %), le recyclage et le compostage (79 %) ou l’écoconception (74 %). L’environnement urbain est propice à de nombreuses stratégies, dont l’encrage local et le lien à la communauté (72 %), le don et la revente (49 %), l’économie collaborative (38 %), l’écologie industrielle (23 %) et l’économie de fonctionnalité (13 %).

L’agriculture urbaine amène notamment des opportunités de valoriser des ressources urbaines, telles que la chaleur ou les matières organiques. C’est le cas pour près de la moitié des entreprises sondées.  En effet, 10 % des entreprises valorisent de la chaleur résiduelle, et 31 % aimeraient mettre en place de telles stratégies de valorisation. De même, 31 % des entreprises valorisent des matières organiques provenant d’une entreprise artisanale voisine, et 23 % aimeraient mettre en place une telle stratégie.

L’économie collaborative est également une stratégie d’économie circulaire très populaire chez les entreprises interrogées. Plus des trois quarts des participants à notre sondage estiment la constitution de regroupements d’agriculture urbaine pertinente. En plus de représenter les besoins des fermes auprès des instances gouvernementales – il existe déjà de tels regroupements – il y a un intérêt certain pour le regroupement de mise en marché et la mutualisation de diverses ressources humaines et matérielles. Plusieurs projets sont actuellement en cours de développement pour aller dans ce sens.

 

Pour consulter le portrait

Cohen, A., É. Duchemin. (2022). Portrait de l’agriculture urbaine marchande au Québec en 2021. Carrefour de recherche d’expertise et de transfert en agriculture urbaine / Laboratoire sur l’agriculture urbaine. 29 p.

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