Le Carrefour de recherche, d’expertise et de transfert en agriculture urbaine du Québec (CRETAU) vient de publier une étude sur les entreprises agricoles urbaines au Québec évaluant leur impact et leur potentiel économiques.
Cette étude a été réalisée en 3 étapes: 1. Définition de ce qui est considéré comme un producteur urbain, 2. Cartographie et portrait des entreprises (portrait 2018 publié, portrait 2019 en cours d’édition), 3 Étude qualitative et quantitative auprès des producteurs (plusieurs études à venir, 2 études publiées).
Les prochaines étapes seront : 1. Affiner les connaissances sur l’ensemble des producteurs, 2. Travailler sur la valeur économique de l’AU (sociale et commerciale) auprès des fournisseurs.
Cette étude s’intègre dans une programme de recherche qui intègre des fiches économiques de différentes filières de production en monde urbain et un portrait annuel des producteurs urbains québécois et la création de guides de démarrage d’entreprises agricoles urbaines.. Le tout est disponible sur le site du CRETAU, dans la section publication.
SOMMAIRE DE L’ÉTUDE
On trouve au Québec 721 entreprises agricoles situées en périmètre urbain et hors de la zone agricole. Celles-ci sont considérées comme des entreprises agricoles urbaines, et représentent 45% des entreprises agricoles québécoises situées en périmètre urbain. Les autres 851 entreprises agricoles situés en périmètre urbain sont en zone agricole.
Ces entreprises agricoles urbaines du Québec sont situées à 40% dans la grande région métropolitaine de Montréal, tandis que la grande région de Québec en accueille 18%. La région du Centre du Québec est l’autre région administrative où on trouve de nombreuses entreprises agricoles urbaines avec 8% des entreprises agricoles urbaines du Québec.
Entre 2015 et 2019, le nombre d’entreprises agricoles urbaines a diminué de 8%, sauf pour région Montréal-Laval-Lanaudière où le nombre d’entreprises a augmenté de 25% au total, dont de 82% à Montréal.
Créneaux en émergence et dans des filières innovantes
Au Québec on trouve aussi 72 entreprises agricoles urbaines en émergence, soit dans des créneaux de production en émergence (micropousses, maraîchage sur toit, champignons, aquaponie) ou dans des secteurs d’innovation (maraichage en intérieur, aquaculture en intérieur). Ces entreprises établissent un maillage étroit avec les activités urbaines.
L’avènement des premières entreprises agricoles urbaines de ce type au Québec remonte aux années 1990 et leur nombre ne cesse de croître d’année en année avec un taux de croissance annuel moyen (TCAM) de 30% depuis le début des années 2000.
Revenus et emplois
Les 72 entreprises agricoles urbaines en émergence du Québec, considérées dans cette étude, généreraient un revenu de 17 029 260 $ en 2019. L’ensemble des entreprises agricoles urbaines québécoises généreraient quant à elle un revenu de 260 M$. Ainsi, en moins 5 ans, les entreprises agricoles urbaines en émergence représentent 7% des revenus des entreprises agricoles urbaines du Québec.
Les 72 entreprises agricoles urbaines en émergence du Québec généraient 422 emplois directs et 202 emplois indirects pour un total de 624 emplois. Les 721 entreprises agricoles urbaines du Québec généreraient quant à elles un minimum de 1 431 emplois directs et indirects.
Les entreprises agricoles urbaines au Québec : potentiel de développement en emplois et revenus pour 2025
Les entreprises agricoles urbaines dans les créneaux de production en émergence et dans des secteurs innovants sont encore jeunes et recèlent un fort potentiel de développement. En outre, ce secteur est en croissance de plus de 30 % par an depuis 10 ans.
En se basant sur deux scénarios, on estime que le revenu des entreprises agricoles en émergence se situerait entre 33,6 M$ et 168 M$ en 2025. Considérant que la croissance des revenus des 721 entreprises agricoles urbaines en production végétale de la base de données du MAPAQ restera stable sur la même période (4% par an), la part de ces entreprises agricoles sur l’ensemble du revenu généré dans ce secteur se situerait entre 12% (scénario 1) et 60% (scénario 2) en 2025.
En ce qui concerne, les emplois directs et indirects, il se créerait au total entre 2 719 emplois et 13 596 emplois dans ce secteur durant la même période.
Ces projections 2019-2025 vont dépendre des paramètres mis en place afin de soutenir l’écosystème économique de l’agriculture urbaine commerciale. Elles impliquent aussi que le marché des consommateurs n’atteindra pas un niveau de saturation. L’un des éléments clefs est aussi le développement d’une mise en marché diversifiée et des réseaux de distribution urbains solides pour ces entreprises agricoles.
La situation actuelle entourant la pandémie CODIV19 illustre l’apport potentiel de la production en fruits et légumes de proximité, dont dans les périmètres urbains. Les villes ont des ressources en énergie résiduelle (perte des bâtiments, serveurs, industrie, etc.), de la matière organique et de la main-d’œuvre dont pourraient bénéficier des projets agricoles urbains. Toutefois, cette même pandémie montre la faiblesse du réseau de distribution et de mise en marché du système alimentaire entourant les producteurs urbains. Nous devrons en tirer des leçons.
Pour consulter l’étude
Kasmi, D., E. Duchemin et J. Martin (2020). Étude Les entreprises agricoles urbaines au Québec impact économique et potentiel de développement, Laboratoire sur l’agriculture urbaine/Carrefour de recherche, d’expertise et de transfert en agriculture urbaine. 37 p.