Étude de marché sur les produits issus d’une ferme aquaponique de proximité : consommateurs 1/2

Étude de marché sur les produits issus d’une ferme aquaponique de proximité : consommateurs 1/2

Le Laboratoire sur l’agriculture urbaine, mandataire du CRETAU, vient de publier une étude de marché sur les produits issus d’une ferme aquaponique de proximité: regard des consommateurs. Cette nouvelle étude permet de poursuivre le travail amorcé en 2021 dans la cadre d’une première étude sur la mise en marché des produits issus de l’agriculture urbaine, étude qui avait été accompagné par un pr0jet de mise en marché collective par les entreprises agricoles urbaines de Montréal [1]. Cette étude est une première d’une série de 2, l’autre partie portant sur les commerçants, tels que les restaurants, poissonneries et épiceries.

Les produits pour une ferme aquaponique de proximité bien accueillis par les consommateur(trice)s

Cette seconde étude de marché de AU/LAB montre un réel intérêt des consommatrices et consommateurs montréalais pour les produits qui seraient issus d’une ferme aquaponique de proximité. L’acceptabilité sociale d’un tel projet est forte. Près de la moitié des personnes consultées seraient prêtes à changer leurs habitudes d’achat pour les produits issus d’un tel projet. Par contre, dans le cadre de cette étude nous n’avons pas réalisé une étude sur l’acceptabilité sociale de l‘implantation physique des installations d’une telle exploitation. Comme le démontre le refus de l’installation d’une ferme aquaponique à Gatineau [2], cette acceptabilité des installations n’est pas nécessairement acquise, même si les citoyens et citoyennes approuvent l’idée de la ferme aquaponique et sont favorables à ses produits.

Selon l’étude, il apparaît que les habitudes d’achat de poisson sont assez stables. Les achats du poisson se font principalement chez le poissonnier, en supermarché ou dans les marchés publics. Les personnes consultées dans le cadre de l’étude achètent plus fréquemment du poisson frais en filet que du poisson entier.  40% en achètent entre 1 et 2 fois par mois en raison de 2 à 3 filets par achat. Le poisson transformé (fumé ou en rillettes) est également acheté 1 à 2 fois par mois chez 45% des répondant(e)s.

La majorité des Montréalais et Montréalaises consultés seraient prêts à changer au moins la moitié de leurs achats de poissons pour les poissons d’une ferme aquaponique montréalaise, peu importe s’ils sont disponibles dans les poissonneries, les marchés publics et directement de la ferme ou encore s’ils sont disponibles en supermarché et dans les épiceries de quartier. Le format le plus populaire est le poisson frais en filet et la principale raison pour laquelle les gens achèteraient ces produits est pour encourager l’économie locale et les produits locaux. Toutefois, si les produits ne sont pas disponibles dans leurs commerces d’alimentations habituels et si les prix sont trop élevés, ils et elles ne pourront se permettre d’acheter ces produits. En termes de prix, bien que plusieurs mentionnent ne pas pouvoir acheter ces produits si le prix n’est pas compétitif, payer une prime de 10% de plus comparé au produit habituel est considéré comme envisageable par les consommateurs et consommatrices.

En ce qui concerne les achats de légume feuille, de fines herbes et de micropousses, les personnes consultées se les procurent actuellement via des paniers de provisions hebdomadaires, en épiceries de quartier ou en supermarchés. La laitue et le basilic sont, respectivement, les légumes feuilles et les fines herbes les plus populaires dans leurs paniers d’achats. Les résultats de l’étude montrent un réel intérêt pour les légumes feuilles, fines herbes et micropousses d’une ferme aquaponique montréalaise. L’achat de produits locaux est une motivation envers ces produits, par contre, le prix et la disponibilité pourraient être des facteurs limitant leur achat.

Les scénarios de mise en marché réalisés montrent qu’il est possible de dépasser largement les 32 tonnes de poissons et 40 tonnes de légumes prévues dans la cadre du projet. Le scénario pessimiste permet d’atteindre un peu plus de la moitié de l’objectif au niveau de la production et 1/10 de la production en légumes. Ainsi, selon l’étude, il est vraisemblable qu’une ferme aquaponique montréalaise pourra écouler sa production sur l’île de Montréal. Par contre, si la population cible était celle de l’arrondissement Mercier-Hochelage-Maisonneuve la mise en marché des produits serait nettement plus difficile et rendrait l’exploitation de la ferme aquaponique économiquement difficile. Ce type de projet est clairement un projet à l’échelle d’une ville comme Montréal.  Ceci apporte la réflexion sur la mise en marché local d’une ferme aquaponique de cette envergure dans des municipalités de moins de 250 000 habitants, sans compter que la diminution de la population rend la concurrence locale plus importante, donc ayant un impact potentiel sur le taux de pénétration des produits.

Le Laboratoire sur l’agriculture urbaine poursuit son travail sur les modèles économiques des exploitations agricoles urbaines amorcées en 2017, dont la mise en marché des produits. De nombreuses études de marché seront publiées et de nouvelles recherches et de projets d’intervention seront menées. Cette connaissance et l’expérimentation en innovation sociale est essentielle pour le développement et le soutien de l’écosystème agricole urbain du Québec, mais aussi ailleurs. Comme mentionné dans une synthèse récente,  Les études économiques américaines et européennes sur les entreprises agricoles urbaines : synthèse, le manque de données et de connaissance est un frein pour le développement des fermes urbaines et leur pérennisation.

Contexte de l’étude

Cette étude de marché a été réalisée dans le cadre d’un mandat octroyé au Laboratoire sur l’agriculture urbaine (AU/LAB) par Y’a QuelQu’un l’aut’bord du mur (YAM), une entreprise d’économie sociale qui gère des projets environnementaux novateurs améliorant la qualité de vie des citoyens et citoyennes. YAM favorise l’insertion socioprofessionnelle des jeunes et l’engagement de la collectivité. Ce mandat était de faire une étude de marché et d’acceptabilité sociale pour leur projet de ferme aquaponique dans l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve (MHM). Cette étude s’inscrit dans une étude faisabilité pour le développement cette ferme aquaponique, étude portée par Écosystèmes alimentaires urbains (ÉAU).

Cette étude s’inscrit dans un projet porté par YAM et elle a été rendue possible grâce au soutien de la Ville de Montréal et du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation dans le cadre de l’entente sectorielle de développement du secteur bioalimentaire.

Notes

[1] Cohen, A., V. Ferland et E. Duchemin, (2022). Étude de consommation : un premier aperçu des usages et attitudes de la population québécoise envers les produits de fermes urbaines. Laboratoire sur l’agriculture urbaine / Carrefour de recherche, d’expertise et de transfert en agriculture urbaine du Québec. 42 p. [En ligne] URL : https://bit.ly/3AeZeYd

[2] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1875530/projet-serres-urbaines-notre-dame-referendum-gatineau
https://www.ledroit.com/2022/04/12/une-erreur-strategique-a-nui-aux-serres-urbaines-notre-dame-2cbbdf3f107ef29f4326c7e8c829fe3a v

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